Théâtre – Création
Une femme, tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
Qui cherche son endroit sur terre.
À force de se sentir seule elle s’est isolée. À force de s’isoler elle s’est sentie seule.
Seule.
Elle s’est sentie apaisée.
Solitude de coton. 7ans de suspension.
L’ autre disparaît.
D’autres apparaissent.
L’ imaginaire pour permettre.
De retourner dans le réel. Dans une vie faite d’elle.
Manne s’est isolée pendant 7 ans.
Dans son appartement.
Demain, c’est le grand jour.
Elle pourra sortir. Elle devra sortir. Tout faire pour.
Écriture et mise en scène : Candice Gatticchi
Scénographie : Anouk Maugein
Lumières : Bertille Friderich
Composition musicale : Nicolas Porcher
Aide à la dramaturgie : Mathilde Waeber
Jeu : Manon Castellano, Candice Gatticchi, Nicolas Porcher (musicien), reste de la distribution en cours
Directrice de production : Cécile Graziani – Realiz
Partenaires & soutiens : la DRAC PACA dans le cadre du dispositif « Rouvrir le monde », la ville d’Aubagne dans le cadre du dispositif d’aide à la Création, le Théâtre Francis gag de Nice dans le cadre du dispositif Soutien à la création.
Une plongée vers nos thébaïdes souterraines
Comment raconter, comment aborder le sentiment de solitude sans tomber dans une généralité monstrueuse, dans une pseudo thèse aux mots vides ? Quand je me suis plongée dans ce vaste sujet, j’ai eu envie detout dire, de raconter mille et une solitudes. Et puis non. Pourquoi ai-je envie et besoin de traiter ce thème : c’est parce qu’il me touche, moi, intimement et très particulièrement. Alors j’ai eu envie de transmuter maréalité en une fiction onirique. C’est la ligne artistique de la compagnie que j’ai co-fondée et, sur ce projet, ce sera ma ligne artistique personnelle.
Avouer que l’on se sent seul.e, que l’on est seul.e, c’est difficile. C’est exposer un pan de son intimité. C’est afficher, dans une société qui valorise la production et l’entretien de liens, une incapacité, un rejet, une faiblesse.
Avouer, c’est aussi une nécessité, pour en sortir. D’une manière ou d’une autre, on en sort. Trouvons ensemble comment.
Dans ce processus, je ne pouvais pas me résigner à être seule. Alors je me suis entourée. Entourée de personnes qui m’ont raconté, des histoires vraies, des anecdotes et des fins, heureuses ou pas. Ces récits additionnés au mien, composeront la matière première du spectacle. Très vite, dans cette écriture du réel, vient la question de la transmission de ces maux et mots récoltés. Le rapport à l’autre est central, destructeur comme salvateur, il détermine lechemin, il conditionne l’issue.
Pour tisser des liens entre la scène et la vie, pour toucher l’autre, j’aichoisi d’être spécifique. De mettre le focus sur une femme, Manne.
Faire parler sa solitude. Par la voix de Manne, sans distance, à cœur ouvert. Et pour aller plus loin, là où il est difficile de dire, là où on cache encore, faire parler les “autres”. Quatre personnages (dont un musicien) haut en couleur, incarneront les différentes facettes de Manne, ses émotions et ses souvenirs. Ensemble ils prendront la parole.
7 ans d’isolement. Je souhaite une radicalité dans le propos, une extrémité dans les choix. Elle ne supportait plus sa vie, elle la stoppe. Elle ne voulait plus être, elle arrête. 7 ans, c’est aussi un symbole. Un symbole de renouvellement, de renaissance, qui me permet de travailler sur l’espoir et le fait que tout peut changer.
Plonger dans son for intérieur. L’action se passe dans son être, qui sera matérialisé sur scène par un décor de salle des fêtes étrange et singulier.
Trouver la porte de sortie. La rupture avec le monde, l’enfermement est lepostulat de départ. Mais ce qui m’intéresse ici, c’est l’après, le mouvement, la sortie. Nous sommes à l’aube de la fin, la dernière nuit officielle d’isolement. Tout est encore possible. C’est ce “tout”, qui m’est cher et que je souhaite transmettre dans l’écriture et sur scène.
« L’année est passée, petit. Viens-t ‘en mettre avec moi la bûche du CACHO FIOdans la cheminée. Laisse-lui faire le tour de la tablée, que chacune et chacun ydépose la connaissance et la sagesse acquises dans l’année. Maintenant,prends le vin cuit et suis-moi. Posons la bûche dans le feu. Là, bien au milieu.Arrose-la de ce bon vin. Qu’elle brûle trois jours et trois nuits : elle est la matièred’où surgit la lumière gagnante, les jours qui s’allongent après les jours quirétrécissent, un chant de renaissance, la victoire de la joie sur ce qui pleure, lenouveau soleil ».
Fondée en 2020 par Manon Castellano et Candice Gatticchi, la Compagnie CachoFio !, comme ce feu d’hiver, puise sa source dans le besoin de transmuter la réalitéen une fiction onirique et joyeuse. De montrer la réalité dans ce qu’elle a de plusdérisoire, et en même temps, de mystérieux et glorieux. La compagnie prend leparti du « ce n’est pas grave ». Non. C’est dérisoire. C’est vivant. C’est humain.Et c’est le monde !
Dans Vieilles, premier spectacle de la compagnie, nous mettons en lumièrecette frontière poreuse, entre le réel et la fiction, pour y montrer la gloire despersonnages qui tombent 1000 fois, se relèvent 1001 fois, et en qui chacunreconnaît, un bout de lui, un bout de son histoire.
Avec les oubliés de la fête, nouvelle création portée par Candice Gatticchi, nousaborderons le thème, à la fois si universel et si particulier, de la solitude. Toujours avec ce désir de mettre en lumière ces êtres tapis dans l’ombre.